Sous la pression des consommateurs et des autorités, les moteurs de recherche sur internet, qui stockent en détail l'historique des pages consultées par leurs utilisateurs, rivalisent brusquement de vertu pour garantir la protection des données des internautes.

Après Google en mars, les trois autres grands moteurs sur internet, Live Search de Microsoft, Yahoo! et Ask.com, viennent tous trois de décider de limiter le stockage des données personnelles des internautes, qu'ils conservaient jusque-là indéfiniment.

Chaque fois qu'un internaute tape un mot-clé sur un moteur, celui-ci stocke généralement l'adresse IP de l'ordinateur, la date et l'heure de la recherche, le système d'exploitation et le mot-clé utilisés.

Des informations précieuses car elles permettent au moteur d'envoyer des bannières publicitaires sur mesure, en faisant payer les annonceurs pour ce service.

Microsoft a annoncé lundi que l'historique des recherches effectuées par les internautes seraient rendus anonymes au bout de 18 mois, c'est-à-dire en effaçant les numéros IP et, quand l'internaute a ouvert un compte chez Microsoft, les informations nominatives qu'il a livrées.

Quand à Yahoo!, 2e moteur de recherche mondial derrière Google, il a décidé de rendre anonymes les traces des recherches des internautes au bout de 13 mois, a annoncé son porte-parole Jim Cullinan au New York Times de lundi.

Le moteur de recherche Ask.com, 4e moteur mondial, a lui aussi décidé la semaine dernière de rendre anonymes les données personnelles. Ask va même installer d'ici à la fin de l'année un outil, Ask Eraser, qui permettra aux internautes de surfer anonymement.

C'est Google, premier moteur de recherche mondial, qui a lancé le mouvement en mars en décidant de rendre anonymes les données personnelles liées aux recherches des internautes au bout de 18 mois.

Une décision prise sous la pression des autorités européennes et des groupements de consommateurs en Europe et aux Etats-Unis, inquiets de voir le géant internet stocker des masses d'information sur les habitudes des internautes.

Microsoft et Ask.com ont en outre appelé lundi les moteurs de recherche, les agences de publicité en ligne et les défenseurs de la protection de la vie privée, à élaborer ensemble des règles communes de protection des données.

Ce sujet devient brûlant pour les grands moteurs de recherche, qui tirent une large partie de leurs revenus des bannières publicitaires "contextuelles", en rapport avec les mots clef choisis par l'internaute. Ce sont ces mots clef qui sont vendus aux enchères.

Les recettes liées aux recherches ne cessent de gonfler et atteindront 21,7 milliards de dollars en 2007 rien qu'aux Etats-Unis, selon le cabinet eMarketer. Elle représentent par exemple les deux-tiers des recettes de Google.

La polémique avait déjà monté en 2006 lorsque AOL avait laissé diffuser par erreur les données de recherches de 650.000 utilisateurs.

Elle a rebondi de plus belle depuis que Google a racheté au printemps l'agence de publicité en ligne DoubleClick pour 3,1 milliards de dollars.

DoucleClick inonde de "cookies" les internautes du monde entier pour permettre aux annonceurs de leur envoyer des publicité ciblées, en rapport avec les pages internet qu'ils ont consultés dans les semaines précédentes.

L'autorité américaine de la concurrence, la FTC (Federal and Trade Commission) mène actuellement une enquête sur ce rachat, à la demande d'associations mais aussi de Microsoft.

Un panel européen mène de son côté une enquête sur le stockage des données par Google, jugeant la limitation à 18 mois insuffisante.

Microsoft et Yahoo! effectuent aussi des envois de publicités ciblées. Yahoo! utilise par exemple des données "démographiques" pour cerner les aspirations des internautes en fonction de leur lieu de résidence, par exemple.

Source: News.fr